Cette question est redondante, et nous entendons très souvent des réponses différentes. À travers cet article je vais essayer de vous guider, car la réponse est en fait, assez simple.
Si on se réfère à l'histoire, c'est en 1978 que le médecin Gabe Mirkin invente le protocole RICE (rest, ice, compression, elevation) ou GREC (glace, repos, élévation, contention) pour les francophones, pour traiter les traumatismes. Cet acronyme plutôt simple à retenir est encore utilisé de nos jours, et à tort.
Cette habitude, courante voire automatique, d’utiliser la glace pour les pathologies aigües et chroniques n’est pas adaptée à une guérison rapide.
C'est le Dr. Mirkin lui-même qui en 2014 est revenu sur ses dires dans une revue de littérature publiée par la European Society of Sports Traumatology.
"La glace n’améliore pas le processus de guérison tissulaire comme on le croyait. En fait, elle le ralentit." Dr. Gabe Mirkin
La Médecine Traditionnelle Chinoise nous dit depuis des millénaires que : "Le mouvement c’est la vie, le froid c’est la mort.". Et c’est désormais le Dr. Mirkin qui recommande : « Pour une blessure aiguë qui n’est pas post-opératoire, n’utilisez pas de glace. »
Comment ce médecin en est-il venu à changer d’avis ?
Grâce à une meilleure compréhension des mécanismes de l’inflammation :
Guérir nécessite une inflammation, c’est un processus physiologique normal. Quand un tissu est lésé, le système immunitaire envoie des cellules appelées « macrophages » qui relâchent une hormone appelée IGF-1 (insulin-like growth factor 1). Cette dernière aide le tissu endommagé à se réparer. Ce processus naturel vise à nettoyer une blessure des cellules mortes et/ou endommagées puis à les remplacer afin d’entamer la phase de guérison.
Lorsqu’il y a une phase d’inflammation, les terminaisons nerveuses sont irritées par des réactions chimiques et par la pression de l’œdème (gonflement) provenant de la dilatation des vaisseaux sanguins pour acheminer diverses cellules au site de la lésion tissulaire.
Appliquer de la glace directement sur l’œdème encourage les vaisseaux sanguins à se contracter pour réduire leur diamètre. Cet effet ralentit l’acheminement des cellules nécessaires à la réaction inflammatoire donc le processus d’auto-guérison.
La glace inverse et empêche le drainage lymphatique ce qui entraîne l’accumulation des liquides d’où à terme le gonflement de la zone touchée. Elle retarde la destruction des déchets. Elle empêche le renouvellement de matériaux nouveaux par ralentissement du métabolisme (elle empêche les macrophages de relâcher des IGF-1).
"La glace empêche de circuler, le froid bloque, contracte, coagule."
Nous avons bien compris que l’application de glace a une action anti-inflammatoire. Il en est de même pour certains médicaments.
Il a été prouvé que la prise d’anti-inflammatoires (surtout à fort dosage) même si elle permet de diminuer la douleur, nuit à la guérison des tissus endommagés. Il en va de même pour les injections de cortico-stéroïdes.
Selon le Dr. Mirkin, toute intervention qui vise à bloquer la réaction immunitaire naturelle ralentit forcément la guérison tissulaire.
Les gestes suivants couramment pratiqués empêchent l’inflammation et retardent ainsi le délai de guérison :
L’application de glace,
La prise de médicaments corticoïdes (cortisone),
La prise d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS)
« On peut voir une inflammation sans guérison, on ne peut guérir sans inflammation. »
Il semblerait que nous ayons à choisir entre bénéfice immédiat (moins de douleur) et bénéfice à moyen ou long terme (guérison optimale et résolution du problème).
Mais il est important de se rappeler que le rôle principal de la douleur est de nous alerter afin que nous nous protégions pour ne pas nous faire mal davantage.
La chaleur aide, à amener plus de sang et nutriments dans la région d’application, à détendre les muscles et à faciliter la lubrification des articulations. Il en résulte donc un meilleur drainage de l’œdème, une diminution des tensions musculaires et des raideurs articulaires.
Par ailleurs dans le protocole RICE / GREC, le repos complet n’est lui non plus, plus d’actualité. L’immobilité stricte est néfaste et le mouvement permet de faire circuler les déchets.
Sur le plan de la performance sportive, une étude de 2011 a démontré que pour les athlètes utilisant la glace pendant une partie, la force, la vitesse, la puissance et l’agilité étaient diminuées immédiatement après l’application de glace pendant 20 minutes. Un réchauffement progressif articulaire après l’application de glace permettait d’annuler ces effets. (Sports Medicine, 28 novembre 2011)
Comments